Etre à la fois un documentariste et un créatif
Le photographe d’architecture est partagé entre 2 mondes. Il apporte un regard documentaire et aussi un regard artistique sur le monde qui l’entoure.
Les deux approches sont souvent liées même si parfois elles peuvent être dissociées.
Travailler avec un photographe d’architecture c’est choisir un professionnel de l’image avec une technique et un savoir-faire mais c’est aussi choisir un regard personnel qui identifiera le bâtiment avec singularité.
Pourtant il est intéressant de bien distinguer ces deux pratiques.
La commande, qui consiste à mettre en valeur par exemple l’oeuvre d’un architecte, est plutôt documentaire.
Elle recherche une forme de lisibilité pour que le bâtiment ou le lieu soit bien identifiable. L’exercice doit être rigoureux et adapté à des attentes souvent très précises.
Le reportage documentaire doit pouvoir représenter l’ensemble et son détail. Par exemple l’interaction entre un bâtiment et son environnement puis les réactions des matériaux de cette architecture aux lumières naturelles.
Le reportage explique la composition et les proportions du projet, qu’il s’agisse des façades ou d’un calpinage de sol bien réglé. Il s’intéresse aussi aux rapports d’échelles qui sont un facteur important de mise en valeur et de compréhension du lieu.
Contrairement aux images de synthèse que l’on voit de plus en plus sur les sites des architectes, la photographie de commande d’un ouvrage finalisé, même si elle est très travaillée et épurée, gardera encore un réalisme qui concrétisera, confirmera les mois, les années d’effort des maîtres d’ouvrage et des maîtres d’oeuvre.
Une image de synthèse, plus généralement liée au début du projet ou au concours, laissera toujours un « doute » sur la capacité à réaliser. Elle reste une architecture de papier alors que la photographie conclue un chantier, une finalisation du projet et donc un savoir-faire concrétisé.
La photographie artistique relève elle d’une démarche différente. L’art est forcément ultra-personnel.
Elle pourra alors réinterpréter avec autant d’emphase que souhaité ou bien très subtilement l’espace photographié. L’appropiation du lieu est alors sans limites.
Au delà de l’objet architectural, c’est une vision plus large de notre société actuelle qui est véhiculée par l’approche artistique. L’image devient dès lors le reflet d’une approche totalement individuelle de notre perception du monde.
In fine, chaque approche aura une incidence sur l’autre. C’est en tout cas ce que je recherche dans la multiplicité de mes sources d’intérêt, dans la diversité des sujets et des rencontres.